Traversée de la Vanoise en randonnée itinérante
La grande randonnée annuelle en montagne de 2018 a lieu dans le massif de la Vanoise. Nous serons cinq randonneurs à effectuer cette rando itinérante de 85 kilomètres sur 6 jours au début du mois de septembre. Depuis le refuge de l’Orgère jusqu’à Landry en passant par Pralognan nous allons effectuer une grande traversée du massif de la Vanoise du sud au nord en faisant étape au refuge de Péclet-Polset, au refuge des Lacs Merlet, au refuge des Barmettes, au refuge de la Leisse et au refuge du Col du Palet.
Comme chaque année j’emmène un groupe d’amis pour une randonnée itinérante de plusieurs jours dans les Alpes. Pour cette sixième édition j’ai choisi le parc national de la Vanoise. Ayant peu randonné dans ce massif par le passé je suis heureux de découvrir ces hautes montagnes et de partager ce moment avec mes amis. L’équipe de randonneurs est constituée d’Anaïs, montagnarde aguerrie qui a grandi en Isère et dans les Hautes-Alpes ; Barbara, qui a marché quatre jours avec moi dans les Écrins l’année passée ; Alex, très bon marcheur avec qui j’ai randonné dans le massif des Cerces et des Écrins et Florian, cartographe passionné de montagne qui m’a accompagné lors de la grande traversée du Vercors. Le parcours itinérant de 85 kilomètres sur 6 jours est plus long que les randonnées des années précédentes et le dénivelé important (4600m positif et 5800m négatif) représentent un challenge. Habitués au bivouac, nous sommes en Vanoise amenés à respecter une législation plus stricte que dans les autres parcs et massifs des Alpes et de planter nos tentes à proximité des différents refuges, voire d’y dormir comme aux refuges de l’Orgère et de Péclet-Polset.
Nous commençons notre randonnée au refuge de l’Orgère situé au-dessus de la ville de Modane. Afin de démarrer notre marche en douceur, la première étape qui nous relie au refuge de Péclet-Polset est relativement courte : 4 heures de marche, 950m de dénivelé positif et 380m de négatif. Nos sacs chargés des tentes, duvets et provisions pesant autour du 15kg se font sentir mais nous sommes conscients que les premières heures de rando sont souvent les plus difficiles. La météo de ce mois de septembre est excellente et s’annonce ensoleillée pour les jours à venir. Nous admirons dans notre montée vers le Col de Chavière l’Aiguille Doran et le Lac de la Partie, magnifique miroir reflétant la jolie lumière du matin. L’ascension du col est aisée, le chemin est bien balisé et il n’y a presque plus de névés à cette période de l’année. Arrivés au col situé à 2796m, s’offre à nous un panorama sur le cœur du massif de la Vanoise que nous venons de pénétrer. Le temps clair permet d’apercevoir le Mont Blanc à l’horizon. Dans la descente nous traversons le Plan des Cairns qui, comme son nom l’indique, est un grand pierrier sur lequel une foule de randonneurs a érigé des centaines ce cairns, petits et grands, au fil des années. La Pointe de l’Échelle, imposante masse de roches sombres acérées, se dévoile petit à petit à l’est. Nous arrivons au refuge de Péclet-Polset pour un casse-croute bien mérité que nous accompagnons pour l’occasion d’une bière fraiche et d’une barquette de frites. L’étape en refuge offre ses petits avantages ! Nous passons ensuite l’après-midi libérés de nos charges au Lac Blanc tout proche. Alex dont l’animal totem est définitivement le saumon ne manque pas cette occasion de se baigner dans ces eaux froides. Nous marchons autour du lac à la rencontre de quelques vaches taciturnes qui se plaisent à poser pour les photos et rentrons au refuge pour nous réchauffer une fois le soleil caché derrière les hautes crêtes. Malgré la mi-saison il y a beaucoup de randonneurs dont beaucoup viennent de l’étranger. Une telle fréquentation est assez inhabituelle pour moi qui suis habitué à randonner dans les massifs plus reculés et plus sauvages des Alpes du sud comme le Vercors, les Ecrins, le Queyras ou l’Ubaye. Je vais néanmoins me rendre compte des raisons de ce succès les jours suivants lorsque nous traverserons le cœur du parc de la Vanoise dont la beauté est à couper le souffle.
La seconde étape est plus longue : 6 heures de marche, 950m de dénivelé positif et 1000m de négatif. Nous sommes cependant désormais échauffés et la première montée en direction du Col du Soufre se fait sans difficulté. Sur le chemin du col nous passons de nouveau sur les rives du Lac Blanc qui revêt cette fois-ci de nouvelles couleurs avec la lumière rasante du petit matin. Arrivés à la hauteur du col se dévoile presque soudainement le Glacier de Gebroulaz et nous sommes tous les cinq émerveillés par cet harmonieux mélange de minéral, de glace, de silence et de lumière dorée. Dès les premiers instants de la redescente du col le glacier dévoile toute sa majesté et nous prenons tout le temps de nous imprégner de cette ambiance bien particulière à la haute montagne. Le dénivelé important nous mène de la roche parsemée de quelques plantes rares à la prairie verdoyante au fur et à mesure que nous descendons dans le vallon en direction du refuge du Saut. Une fois arrivés à destination nous sommes accueillis par un troupeau de vaches qui a pris repos autour des tables du refuge. Nous y cassons la croute en faisant la curiosité de certaines d’entre elles qui malgré leur bonhommie furent priées d’aller paitre un peu plus loin. Nous avons peu de temps pour nous reposer et c’est la panse alourdie que nous entamons une fatigante ascension du Col de Chanrouge sous le soleil brûlant. Le paysage n’en est pas moins grandiose et nous pouvons admirer un joli vallon surplombé de l’Aiguille des Corneillets sur notre chemin. Nous rallions en fin de journée le refuge des Lacs Merlet, bien plus modeste que le refuge de Péclet-Polset mais nettement plus authentique et chaleureux. Après un apéro de rigueur et des ablutions glaciales à la source du refuge nous savourons un moment de contemplation du large panorama qui s’offre à nous dans la lumière déclinante de la fin du jour. Nous installons notre bivouac à proximité du refuge et comme le veut la tradition de nos randonnées itinérantes, nous cuisinons un succulent repas agrémenté d’épices de de lait de coco déshydraté.
La troisième étape nous amène à redescendre vers Pralognan puis à remonter au refuge des Barmettes. La journée annonce 6 heures de marche, 900m de dénivelé positif et 1300m de négatif. Nous quittons le refuge des Lacs Merlet tôt dans la matinée en descendant vers les Chalets de la Grande Val situés en contrebas dans le vallon, puis remontons en direction du Col des Saulces. A l’arrivée nous pouvons admirer le sommet mythique de la Grande Casse et les glaciers de la Vanoise. S’ensuit une sévère descente de 1000 mètres parfois très raide qui est une épreuve sérieuse pour nos genoux. Nous entrons dans le charmant village de Pralognan-la-Vanoise totalement éreintés et décidons de faire une pause conséquente afin de nous requinquer. Anaïs, pourtant une des plus vaillantes, a le dos très endolori par le lourd sac de grande randonnée et décide à contrecœur de quitter l’aventure ici. Après une longue pause déjeuner et un au revoir plein d’émotion à Anaïs nous repartons pour une dernière montée en direction du refuge des Barmettes que nous rallions rapidement. Nous trouvons portes closes à notre arrivée, le gardien ayant certainement dû partir faire une course, et la vision d’une bière fraiche qui a servi de carotte à nos esprits durant la montée se dissipe en un instant. Nous nous rafraichissons alors autrement en nous baignant dans le torrent avant de monter un campement à proximité du refuge.
La quatrième étape sera la traversée du cœur du parc national de la Vanoise. Une journée de difficulté moyenne : 5h30 de marche, 900m de dénivelé positif et 450m de négatif. Nous pénétrons au cœur du massif après une courte montée vers le gué du Lac des Vaches. L’endroit est d’une beauté saisissante, renforcée par une très belle lumière matinale et semble quelque peu irréel. Nous rallions rapidement le Col de la Vanoise et son grand refuge moderne où nous prenons un café bienvenu. Les Lac Long, Lac Rond et Lac du Col de la Vanoise dans lesquels plonge l’imposante montagne de la Grande Casse sont absolument magnifiques et nous savourons cette belle journée de marche qui nous laissera à tous de belles images en tête. Un peu plus tard nous arrivons aux abords du Vallon de la Leisse que nous surplombons depuis un promontoire sur lequel gambadent quelques bouquetins peu farouches qui prennent la pose pour nos appareils photo. Nous cassons la croute au Pont de Croé Vie situé en contrebas et Alex nous fait une démonstration de ses talents de saumon en se baignant dans l’eau glacée du torrent. Durant l’après-midi nous remontons la longue pente douce du Vallon de la Leisse jusqu’au refuge de la Leisse. Une bière bien fraiche nous y attend et nous discutons un moment avec la charmante et souriante gardienne des lieux. Nous faisons aussi la connaissance de son chien très amical et de ses poules très curieuses. Le temps se gâte dans la soirée et nous prenons abri au réfectoire où nous passons un agréable moment avec des randonneurs aguerris qui comme nous font étape pour la nuit.
La cinquième étape nous amène à Tignes puis au refuge du Col du Palet. L’étape compte 5h30 de marche, 850m de dénivelé positif et 750m de négatif. La montée matinale au Col de la Leisse nous offre de belles lumières et de jolies couleurs sur les alpages. Nous ne trainons pas et descendons rapidement à la station de Tignes car Alex avait prévu de nous quitter ici pour rejoindre sa famille en prenant un bus pour Genève puis un avion pour Bordeaux. La ville de Tignes contraste totalement avec le reste de notre randonnée. L’endroit, urbanisé à outrance au beau milieu du parc de la Vanoise et complètement désert en ce mois de septembre semble totalement déconnecté de son environnement. Après une courte expédition à la supérette, et il faut bien le dire cela nous est très utile, Florian, Barbara et moi nous empressons de quitter les lieux pour nous rendre au Col du Palet puis au refuge du même nom où nous arrivons en milieu d’après-midi avant que la pluie ne commence à tomber. Nous finissons notre journée dans la salle commune du refuge près du poêle à bouquiner et à cuisiner notre diner. Malgré la météo orageuse nous décidons de bivouaquer afin d’économiser sur les dépenses, et passons une nuit agitée par quelques moments de tonnerre.
La sixième et dernière étape est une longue descente vers Landry : 7h de marche et 2000m de dénivelé négatif ! Nous nous réveillons tôt pour cette étape importante. La pluie et l’orage ont cessé mais le ciel est lourd. Le plafond est bas dit-on. Toutefois je m’en réjouis car une météo capricieuse offre souvent les meilleures opportunités en photographie. Nous quittons le refuge du Col du Palet avec des sacs allégés et des mollets encore solides et entamons la descente. Nous randonnons finalement très facilement, avalant rapidement le dénivelé. La nature est belle et silencieuse pour notre dernière journée. Après avoir passé le joli Lac de la Plagne le ciel commence à se dégager et laisse ainsi se dévoiler l’imposante masse sombre du Mont Pourri derrière les nuages. Nous traversons un à un les différents étages de végétation de la haute montagne, le minéral d’altitude, les premières pelouses servant de terrain de jeux aux marmottes matinales, les alpages et leur herbe à vache, puis la forêt et enfin les prairies de vallée. Nous sortons du parc de la Vanoise à proximité du Chalet de Rosuel où nous cassons la croute, puis continuons notre marche sur les sentiers longeant les champs et les charmants petits villages des Lanches et de Nancroix. Nous arrivons à notre destination finale, Landry, en milieu d’après-midi. Par chance nous trouvons une épicerie de produits régionaux, un des rares commerces ouverts en cette saison, et remplissons nos sacs de goûteuses victuailles en guise de souvenir.
Itinéraire de la rando téléchargeable au format Google Earth en cliquant ici
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