Randonnée itinérante dans le Queyras et la haute Ubaye
Comme à chaque début d’été depuis maintenant cinq années j’organise une grande randonnée entre amis amoureux des montagnes. Pour cette épisode 2017 nous sommes six et partons du 22 au 27 juin dans le massif du Queyras et dans la haute vallée de l’Ubaye pour un circuit itinérant en autonomie. L’itinéraire choisi sera physique sans toutefois être très difficile car nous serons bien chargés. Entre tente, duvet, matelas, bâtons, popote, gourde, nourriture, apéro, appareil photo, vêtements et trousse de secours nous aurons chacun un sac lourd de 15 à 17 kilos à porter pendant cinq jours.
Nous entamons notre aventure par une nuit au charmant gite des Gabelous à Saint-Véran où nous nous faisons déposer par un bus depuis la gare de Guillestre. Un excellent et copieux diner au gite nous permet de prendre des forces la veille du départ. C’est sous un grand ciel bleu que nous commençons à marcher le lendemain vers la haute vallée en longeant le torrent de l’Aigue Blanche. Le chemin à l’ombre de la forêt est aisé et en pente douce, ce qui nous permet de nous habituer progressivement à l’effort et à nos charges. Arrivés à la Chapelle de Clausis nous pénétrons ce paysage de pâturage d’altitude qui nous plait tant jusqu’au lac de la Blanche où nous cassons la croute et remplissons nos gourdes. Après avoir siroté des sodas à la terrasse du refuge de la Blanche nous commençons notre montée vers le col Blanchet. La pente s’accentue et l’effort se fait sentir. Nous croisons quelques petits névés mais le chemin est toutefois bien dégagé de la neige pour la saison grâce à la canicule de plusieurs semaines qui nous a précédé. Nous arrivons sans trop de peine au col qui nous offre un joli panorama sur les deux versants français et italien. La descente du col est plus enneigée et rocailleuse et nous dévions un peu du chemin qui se perd dans les névés et les pierriers. Nous comptions bivouaquer sur les rives du lac de Longet, cependant le ciel devenu menaçant ainsi que la lente progression nous pousse à monter le camp un peu plus tôt que prévu et nous nous installons sur le versant italien. Pendant la préparation d’un riz au curry de poulet coco nous prenons ensemble un bel apéro avec divers rhums arrangés qui va considérablement entamer nos réserves d’alcools et nous faire un bon gain de poids le lendemain.
Nous nous levons le jour suivant sous un ciel sans nuage qui nous offre de jolies couleurs sur les massifs alentours, notamment la Tête des Toillies qui nous surplombe. Comme le réveil pique un peu nous mettons pas mal de temps à nous préparer et lever le camp et prenons un peu de retard. En descendant nous approchons du très beau Lac Bleu puis bifurquons vers le col de Longet que nous atteignons après une petite montée qui achève de nous réveiller. Nous sommes désormais entrés dans la haute Ubaye. Le temps est au beau fixe et nous descendons tranquillement les alpages pendant plusieurs heures en direction de Maljasset. Le paysage est absolument magnifique, presque idyllique en cette belle journée et le trek prend des allures de balade tranquille au cœur de la praire alpine parsemée des plus belles fleurs des Alpes. Joubarbes, edelweiss, gentianes bleues, silènes acaules et autres œillets flattent de leurs couleurs les verts pâturages. Nous déjeunons au creux d’un méandre de l’Ubaye qui n’est encore qu’un petit torrent et nous nous y reposons quelques temps en contemplant la nature. Arrivés au bas de ce long vallon nous traversons la zone humide du Plan de Parouart qui offre une végétation typique des terrains marécageux. Nous descendons ensuite par la forêt le long de quelques cascades sur l’Ubaye et trouvons un emplacement plat propice au bivouac le long du torrent un peu en amont de Maljasset. Nous montons le camp et préparons un petit feu pour nous réchauffer à la tombée de la nuit. Notre diner, copieux et savoureux, sera une grosse plâtrée de pâtes à la carbonara préparée avec des œufs déshydratés et des saucisses de seitan. Nous veillons un peu avant d’aller rejoindre nos tentes. Aux alentours de 4 heures du matin un rapide orage nous tombe dessus par surprise et nous donne quelques sueurs froides.
Le réveil est tardif et difficile à cause de l’orage durant la nuit et nous partons avec du retard. Le ciel s’éclaircit rapidement et nous atteignons Maljasset après une courte marche en forêt. Nous en profitons pour nous alléger de nos déchets et cartouches de gaz usagées et nous prenons une petite pause au refuge du village. Nous y prenons un soda et la dernière prévision météo qui nous annonce du soleil jusqu’au lendemain après-midi. Pendant une heure nous randonnons le long de la route qui nous amène au départ de la montée du vallon des Houerts où nous cassons la croûte rapidement. La montée est raide mais ne dure qu’une petite heure et demie. Arrivés en sueur au vallon nous nous rafraichissons dans le torrent et marchons jusqu’à la cabane. Nous comptions initialement bivouaquer près des lacs plus hauts près du col mais ce magnifique alpage où nous sommes seuls nous plait beaucoup et nous décidons d’y monter nos tentes. Comme c’est notre dernier bivouac nous finissons nos provisions d’apéro et savourons notre ultime diner en pleine nature : une semoule aux épices, raisins secs, amandes et tofu fumé. Nous avons même la chance d’avoir la visite d’un chamois en fin de journée qui passera une petite heure aux abords de la cabane.
Le lendemain nous partons très tôt afin de rattraper le retard sur notre planning et d’arriver au gite avant la pluie prévue pour l’après-midi. La montée matinale vers le col des Houerts est fatigante mais une très belle lumière nous accompagne et donne l’occasion de faire quelques jolies photos du vallon. Le paysage se fait de plus en plus minéral au fur et à mesure de notre ascension. L’arrivée au col nous rend un poil euphoriques et nous posons pour quelques photos de groupes sympathiques. C’est ensuite la descente vers le val d’Escreins par le vallon de la Selette. Nettement plus raide et enneigé que l’autre versant, nous progressons à petit pas, traçant notre chemin dans les névés et les éboulis pentus et instables. Nous arrivons aux premier alpage sur les rotules et le besoin de repos se fait fortement sentir. Malheureusement le ciel se couvre petit à petit et nous ne pouvons prendre qu’une petite pause pour avaler nos restes de noix de jambon et de tomme des Grisons avant de repartir. Nous marchons dorénavant en forêt puis le long du torrent pendant un moment et arrivons au refuge de Basse Rua juste avant la pluie. Nous y passons le reste de la journée à jouer au tarot avec quelques bières. Après un diner avec les nombreux autres hôtes, nous passons la nuit dans un des deux grands tipis situés autour du refuge où nous profitons tous ensemble d’un long sommeil réparateur bien mérité.
Pour notre dernière journée nous décidons de randonner jusqu’à Guillestre en descendant le val d’Escreins par un chemin forestier. Une fois en ville nous mangeons quelques pizzas pour le déjeuner qui nous semblent un luxe après cette petite aventure en pleine nature. Nous rallions ensuite la gare par les chemins de la Rue des Masques où plusieurs grimpeurs s’entrainent sur de grandes parois accessibles rapidement à la sortie de la ville. Nous débarquons à la gare épuisés par la chaleur de cette dernière courte marche sous la canicule. Le temps de déguster une boisson fraiche et nous voila dans le train où nous terminons notre périple en montagne !
Itinéraire de la rando téléchargeable au format Google Earth en cliquant ici
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